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Questions de classe(s)

Journal d’un rescapé du Bataclan : Être historien et victime d’attentat, Christophe Naudin

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Note de lecture de Jean-Pierre Fournier.

Ce petit livre a fait l’effet d’un coup de tonnerre : voilà un enseignant et auteur d’histoire (Charles Martel et la bataille de Poitiers, rédigé avec William Blanc, également paru chez Libertalia ), qui, rescapé de l’attentat djihadiste, essaye de s’en remettre et s’appuie dans ce but sur la rédaction d’un journal : le ton et le contenu, très personnels, nous touchent de près, ce sont le propos d’un collègue, d’un copain qui raconte, sans étalage, sans nombrilisme mais dans le concret d’une souffrance qui revient par saccades. Humainement, c’est fort.

Politiquement, c’est passionnant : Christophe Naudin pointe les explications qui n’en sont pas, les zones d’ombre de son camp politique, l’extrême-gauche, dont bien des membres ou des tendances hésitent à se démarquer de cette violence djihadiste, en n’évoquant ni la barbarie ni la fureur religieuse ni l’antisémitisme « que certains militants et ’experts’ » refusent d’admettre. Il affirme la nécessité de refuser à la fois les ’républicains’ drapés dans une laïcité « de combat » qui leur interdit de voir toute une partie de la réalité sociale, et qui font des musulmans l’ennemi n°1, et les complaisants qui, au-delà des seuls ’Indigènes de la République’ tournent la tête de l’autre côté quand tel ou tel aspect déplaisant surgit ; ce faisant, l’auteur ne se contente pas de s’indigner, il explique : pour beaucoup de militants, si « ça » (la terrible réalité) ne rentre pas dans le cadre des explications univoques et des concepts qu’ils utilisent habituellement, ça n’existe pas. Réflexe dénoncé depuis la période stalinienne mais toujours présent.

Un autre aspect nous touchera beaucoup : le prof’ avec ses élèves. J’ai lu les passages qui évoquent ces relations avec émotion car en peu de mots vrais elles disent la force du lien. Jamais je n’ai lu des phrases aussi simples et vraies sur cet engagement de l’enseignant et le retour intense des élèves, sur la base d’un travail de dialogue à réinventer à chaque heure de cours.

On ressort de cette lecture plein de gratitude vis-à-vis de l’auteur (et de son éditeur) : merci Christophe.

Christophe Naudin, Journal d’un rescapé du Bataclan : Être historien et victime d’attentat, Libertalia (coll. Poche), 2020, 164 p.,10 €.

Tous les livres chroniqués sur le blog Luttes & ratures de Questions de classe(s) sont à voir ICI.

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