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Les 3 sources de l’identité collective

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Si on envisage l’identité collective comme un fait, une réalité, une nature, on ne risque pas d’en trouver beaucoup de traces. Il n’est pas étonnant, qu’à ce compte là, on ne croit plus qu’en l’individu. Celui là, seul , paraitrait indiscutable.

Pourtant, nier l’identité collective, est en soi quelque chose d’aussi absurde que de nier toute identité tout court. D’où viendrait une quelconque identité si ce n’était toujours d’une certaine collectivité ? Quelle identité se produirait d’elle même ?

La difficulté pour comprendre ce que peut être une identité collective c’est qu’on la recherche toujours comme un « plein ». On s’attendrait à trouver des identités collectives, entières et en un seul morceau, alors qu’elles sont en général plurielles et mosaïques.

Plus profondément encore, l’identité collective est-elle quelque chose que l’on a ou quelque chose qui nous manque et vers lequel on tendrait ? Concevoir, comprendre l’identité collective comme étant autant un manque , un appel, qu’un « plein », est une nécessité fondamentale pour quiconque veut travailler avec des collectifs.

Pour l’intervenant social, l’acteur social qui choisit de travailler avec les groupes, l’identité collective n’est pas un déjà là qu’il doit apprendre à connaître, mais un manque, un besoin justement collectif qu’il doit apprendre à combler. En un mot, l’identité collective est par définition toujours à construire, à bâtir.

Mais pourquoi faire , pourrait on dire ? pourquoi ne pas se contenter de l’identité individuelle qu’on nous tend, déjà produite en masse et disponible ? C’est justement pour cela que l’identité collective est nécessaire : pour nous arracher aux identités sérielles, c’est à dire à l’identique qui se croit tout seul.

La Pédagogie sociale a justement la particularité de bâtir de l’identité collective à partir des malheurs individuels et des fragments et vestiges des identités collectives passées, dont les uns et les autres, nous sommes porteurs.

Elle y parvient en développant la conscience de trois aspects de cette identité collective, qui sont en même temps les 3 ressorts de sa production.

1- L’identité collective est d’abord introspective.

Cette dimension correspond à la question : « Qui sommes nous ? ». Il s’agit de se nommer collectivement, de l’intérieur d’un groupe , d’une communauté de destin ou de condition, plutôt que de se laisser définir de l’extérieur. Tout groupe en lutte pour sa reconnaissance doit d’abord et avant tout apprendre à se nommer , c’est à dire à se choisir lui même un nom, pour se défaire de l’identité assignée portée sur lui.

En pédagogie sociale, cette identité collective, nous la développons par le langage , la création, la prise de parole et l’expression en groupe et en collectif. Nous la développons par la vie quotidienne, par un vécu commun, une mémoire collective.

C’est la voie de Korczak, celle de la communauté.

2- L’identité collective est submissive.

C’est à dire que nous apprenons à nous connaître en regardant comment nous sommes traités ; c’est en se découvrant des contraintes et des oppressions communes que l’on a une chance de découvrir qui on est collectivement. La conscience d’une condition collective précède toute compréhension de soi.

En Pédagogie sociale c’est la voie de Freire, celle de la capacitation, de « l’empowerment », c’est à dire celle du développement de la conscience. Cela passe par l’histoire, l’écoute de ce que vivent les pairs, et l’observation de nos entraves.

3- L’identité collective est projective.

C’est ce vers quoi on tend qui crée entre nous du lien , qui nous oblige à coopérer , à fonctionner ensemble pour aller plus loin et vaincre des obstacles qu’un individu seul ne peut lever. Cette intentionnalité qui ne saurait jamais se réduire à un projet prédéfini et tout fait, est ce qui nous fait « tendre » les uns , vers les autres. C’est ce qui nous met en mouvement,

Cet aspect de l’identité collective est ce qui nous pousse à sortir « de soi », à repousser ses portes et ses limites.

En Pédagogie sociale, cet aspect de l’identité collective est assurée par l’activité , par le travail, par le chantier, par l’envie et l’énergie de transformer notre environnement pour l’enrichir, le rendre plus vivant et plus habitable. C’est par le travail et la production qu’on y parvient.Tel est l’apport de Freinet.

De ces trois sources d’identité collective, nous faisons une communauté possible. C’est la source même du travail social c’est à dire du travail de la société que nous sommes sur elle même.

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