![]() KroniKs des Robinsons du 06 Avril2017. Peut-il y avoir une esthétique sociale ? Le simple fait de poser la question déclenche la polémique et met en colère les spécialistes et les défenseurs de la Culture. Nous retrouvons étrangement dans ce questionnement le même type d’hostilité que déclenche le concept de Pédagogie sociale. D’un coup on réfute la question, on interdit la pensée. Le social serait partout et donc nulle part. Circulez ! Le Social, c’est sale Dans la pédagogie, dans les institutions éducatives, mais aussi dans l’Art : c’est « le social » qui met en colère. L’esthétique sociale, comme la Pédagogie sociale, comportent en effet un élément inconciliable avec la logique académique et institutionnelle. Il s’agit de la question du mélange. L’un et l’autre puisent leur sens et leur dynamique dans le mélange des genres. La Pédagogie sociale propose la notion d ‘acteur social en lieu et place dans séparations habituelles (professionnel, bénévole , usager) et le secteur de la Culture quoi qu’on en dise reste figé et cramponné entre le fossé qui séparerait des consommateurs de culture (des heureux bénéficiaires) et ceux qui auraient, seuls, le pouvoir d’en produire. Esthétique sociale, art du Social Même quand il s’agit de culture populaire, de centre culturel et artistique hébergé dans un quartier politique de la Ville ; même quand celui-ci se fait l’écho des débats et remous de la société ; même quand il prend la rue comme sujet, même quand il prend le marginal et le précaire comme sources d’inspiration, cette même structure artistique ou éducative continue de produire et d’approfondir une stricte séparation entre ceux qui sont sujets ou objets d’œuvres esthétique. Esthétique du mélange des genres C’est ce mélange qu’on ne nous pardonne pas ; le fait de mélanger les Rroms, à l’art, les enfants à la Culture. Dans notre association, nous avons eu l’expérience, par exemple de nous faire « jeter dehors » avec notre groupe, d’un haut lieu de la culture du XIème arrondissement parisien, lors d’une soirée sur le thème… des tziganes, alors que nous étions le seul groupe présent avec des enfants de cette communauté. L’esthétique sociale est d’abord un scandale et ne peut exister que comme tel. Bien entendu on connaît d’autres formes bien plus urbaines et bien plus admises de prendre en compte le Social, dans l’Art. Les 3 avatars de l’Art et du Social 1-l’Esthétique du pauvre- Art POUR les pauvres Il y a ainsi une esthétique pour les pauvres ; c’est à dire une esthétique qu’on leur adresse, une esthétique qu’on leur assigne. Depuis des immeubles de logement « high-tech » et « éco-durables », où on les renvoie avec fierté ; en passant par les façades des structures socioculturelles qu’on leur destine : faux graphes, caricatures léchées et écœurantes d’expressions artistiques, lointainement nées du peuple. Puis, il y a une esthétique de la Misère, destinée aux classes supérieures où on se pâme devant des photos d’enfants des rues du monde entier ; où on recycle le discours populaire ; où on assagit les modes d’expression naturels et spontanés de tous les peuples pauvres du Monde. Enfin, il y a un art du Social, une esthétique sociale, qui vient de l’acte éducatif et social lui même ; qui est l’expression de l’adéquation de la forme et du fond. C’est le Beau qui atteint le Social quand celui ci est vrai et qu’il produit de l’imprévu, du neuf, du vivant. En Pédagogie sociale, l’Art est plus dans les relations que dans les œuvres. Ou plutôt ce sont les relations qui deviennent des œuvres . Et l’esthétique qui en ressort doit pouvoir témoigner de ce qui se vit, de ce qui se joue entre les personnes. L’esthétique chez nous doit d’abord grandir et magnifier ceux qui sont là. L’esthétique sociale est une esthétique du mélange des genres ; mais elle est aussi une esthétique du désordre, du tumulte, de l’agitation et de la créativité. C’est une esthétique qui déborde, facilement cacophonique. Une esthétique qui dérange, décidément. Esthétique du désordre Il y a création dans le Travail Social, quand il y a bouleversement et mise en cause d’un ordre violent. Le Social n’a jamais servi à corriger des accidents des aléas, fussent-ils de la vie. Le moteur du Social a toujours été la création d’exceptions, de transformations . Et pour cela , il faut subvertir, inverser, sans quoi on reste dans le contrôle ou l’asservissement. Ce qui crée de la beauté en Travail social et particulièrement en Pédagogie sociale c’est lorsqu’une personne ou un groupe échappent visiblement à leur condition ; quand il y a prise de conscience, prise de pouvoir, prise de contrôle ne serait ce que sur un lieu ou un instant. A l’inverse de l’ordre , l’organisation permet le changement. C’est la mise en évidence d’une organisation dans ce qui paraît disjoint, entre des gens qui paraissent disparates qui est esthétique. Ce qui est beau c’est que derrière le désordre apparent, la cacophonie des enfants qui chantent, la tziganie de nos modes d’opération, se dévoile un véritable groupe, une communauté avec une logique, une pédagogie, une organisation. C’est à chaque fois que se rend visible une organisation, derrière le désordre, cette communauté, derrière la diversité, ces liens qui défient l’idéologie du temps, que nous avons la sensation vécue et partagée que quelque chose de beau est en train de se produire. Laurent Ott, Espace de Vie Sociale, Intermèdes-Robinson Site, blog et bien plus encore : http://www.intermedes-robinson.org |
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